
Douar Moudj,
village du piémont de Béni Mellal,
serait-il en passe de devenir un repaire
pour les fortunés de biens mal acquis ?
Toujours plus haut disait le vétéran randonneur, on quitte le piémont de Béni Mellal et à quelques encablures plus loin, Moudj, un petit village paisible, riche de son petit souk hebdomadaire qui s’anime une fois tous les samedis, et connait lui aussi un important flux de visiteurs durant les périodes de vacances scolaires. Des familles entières à l’ombre des oliviers dégustent de fumants tagines de chevreaux, femmes et enfants profitent du site, leurs galopades et leurs rires sont repris en échos par les parois rocheuses qui surplombent la verdoyante vallée qui n’a rien à envier à celle plus connue mais non moins célèbre, vallée d’Ourika.
Ici, la communauté autochtone vit modestement, on remarque vite un habitat en pierre très dispersé qui toutefois fait partie intégrante des lieux. Dans le programme de lutte contre le désenclavement, une route en lacet, récemment bitumée traverse le village qui depuis peu bénéficie aussi de l’électricité. Des bornes fontaines prennent naissances ça et là mais l’eau récupérée sur les hauteurs tarde toujours à arriver pour mettre fin au calvaire quotidien de ces femmes à qui revient cette tâche, et qui doivent faire plusieurs kilomètres pour subvenir aux besoins des ménages.
Faute d’un cadre logique pour l’aménagement de ce site, un nouveau type d’habitat commence à y voir le jour. Des édifices intrus au paysage émergent dans le mépris total de l’architecture locale. Ces nouveaux arrivants étalent leur richesse par la construction de titanesques demeures et semblent narguer le voisinage, des murs de protection commencent à marquer l’espace privé jusqu’alors inexistant. Ces clôtures mettent au défi l’hospitalité légendaire des gens de la montagne.
Bien sur des jugements de démolition sont prononcés contre ces abus mais toujours non encore exécutés, ces édifices ne possèdent aucun document d’urbanisme. Combien de temps faut-il attendre pour que toutes les administrations concernées prennent leur responsabilités afin d’établir une réglementation pour protéger ce patrimoine ?
Salah Philippe